Comprendre les implications du taux d’usure emprunteur sur votre emprunt

Ceux qui sont constamment confrontés aux courtiers et aux banquiers connaissent ce que signifie taux d’usure. La baisse des marchés boursiers et leur forte volatilité, associées à une inflation galopante, auraient pu propulser le marché immobilier, qui constitue dans ce contexte une alternative particulièrement attrayante au marché boursier, vers de nouveaux sommets.
En réalité, le marché des actions est plutôt faible et la question est de savoir si la baisse sera durable et généralisée. Il faut dire que la légère augmentation du taux d’usure et la hausse du taux directeur ont permis de mettre de côté un grand nombre de particuliers qui se sont vus refuser leur demande de crédit immobilier. Le taux d’usure fait la une de l’actualité immobilière et financière depuis un certain temps, tant son calcul est inadapté à la situation actuelle. Alors à la découverte de son implication sur votre emprunt.
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Plan de l'article
Qu’est-ce que le taux d’usure ?
Le taux d’usure est le taux d’intérêt maximal auquel une banque peut accorder des crédits. Son rôle est donc avant tout de protéger l’emprunteur en l’empêchant de contracter un crédit immobilier à un taux trop élevé. Cette limite imposée aux prêteurs est fixée par la Banque de France. Cela permet non seulement de protéger les particuliers et les professionnels en France contre les taux d’intérêt excessifs, mais aussi de préserver un équilibre financier.
Les crédits usuraires sont réglementés par le Code de la consommation et le Code monétaire et financier. Mais saviez-vous que les premières interdictions de l’usure en matière de crédit existaient déjà il y a 3 800 ans ? Dans le code d’Hammourabi, le premier grand code de Mésopotamie, un taux d’intérêt supérieur à 20 % est interdit, car considéré comme toxique pour celui qui emprunte !
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Taux d’usure : les implications
Le niveau actuel des taux d’usure est préjudiciable tant pour les banques que pour les emprunteurs. La hausse du taux d’usure étant insuffisante en raison du décalage de trois mois et de la forte et soudaine hausse des taux directeurs, les banques ne peuvent pas proposer des taux leur permettant de dégager une marge suffisante, ce qui entraîne des refus massifs de demandes de crédits immobiliers.
Rappelons également que les banques ne peuvent pas accepter une demande de crédit immobilier si les mensualités du crédit dépassent 35 % des revenus du ou des emprunteurs.
Les profils les plus concernés par ces refus sont les primo-accédants avec un faible apport et des revenus modestes (donc souvent les jeunes). Les emprunteurs les moins touchés par cet effet de ciseaux sont ceux qui ont un apport élevé, des revenus confortables et/ou une durée de crédit réduite (souvent les seniors). Selon une étude récente de Pretto, 18 % des dossiers financés en 2021 ne seraient plus finançables dans le contexte de marché de juin 2022, soit 220.000 ménages.
Les établissements de crédit et les courtiers sont préoccupés par le niveau insuffisant du taux d’usure. Ils constatent en effet que de nombreux crédits immobiliers sont refusés en raison du dépassement du taux d’usure. La baisse du volume des crédits ces dernières semaines est une réalité qui va se poursuivre dans un contexte de hausse de l’inflation.
La tâche de protéger le taux d’usure se résume aujourd’hui à exclure de l’octroi de crédits les emprunteurs dont le potentiel est très raisonnable. Ceux-ci auraient obtenu un crédit immobilier sans la moindre hésitation il y a quelques mois !
Crédits immobiliers : l’effet de ciseaux décrypté
Parallèlement, l’inflation incite les banques centrales à augmenter leurs taux directeurs afin de freiner la consommation et l’investissement des ménages et des entreprises et ainsi briser la spirale de la hausse des prix. Désormais, les taux directeurs correspondent aux taux d’intérêt auxquels les banques centrales prêtent de l’argent aux banques.
Auparavant, les taux directeurs se situaient en territoire négatif, mais ils sont désormais en hausse et devraient continuer à augmenter dans les mois à venir. Les établissements bancaires répercutent naturellement cette hausse sur les crédits qu’ils accordent. C’est ainsi que l’on assiste à une hausse des taux d’intérêt des crédits immobiliers.
Ce calendrier de hausse des taux pose un réel problème aux emprunteurs :
- d’une part, les taux des crédits immobiliers augmentent rapidement chaque mois,
- d’autre part, le taux d’usure n’augmente que peu et seulement tous les trimestres, ce qui crée un décalage de trois mois particulièrement dommageable pour les emprunteurs confrontés à l’effet ciseau : Les taux d’emprunt sont de plus en plus élevés, alors que les taux d’usure sont de leur côté maintenus à un niveau relativement bas.